Premier jour

"J'ai trouvé du boulot !"
Sourire aux lèvres, resplendissante, Katrin entra avec grand fracas dans l'appartement qu'elle partageait avec son frère. Celui-ci l'accueillit avec un grand sourire et la prit dans ses bras, bien qu'il tenta de se montrer sévère et de froncer les sourcils.

Katrin, c'est pas la peine, je gagne bien assez pour deux...

Sa soeur fit retentir un baiser sonore sur sa joue. Klaus avait résisté longtemps à la recherche de Katrin, mais vu le peu de succès de son entreprise et son air toujours assombri quand elle rentrait bredouille, cette fièvre du travail l'avait peu à peu gagné, même s'il tentait de toujours se montrer grognon à cette idée. L'argent n'était vraiment pas sa préoccupation majeure, normal, quand on gagnait autant comme scientifique...

Oui, mais maintenant, je vais pouvoir me payer ma vie. Allez, fais pas semblant d'être en colère, je te crois pas.

Klaus se dérida aussitôt, il se retenait à si grand peine de sourire pleinement depuis l'entrée de sa soeur que ce fut immédiat. Soudain plus joyeux, il reprit la conversation d'un ton nettement plus enjoué.

Alors, tu fais quoi comme boulot ? C'est celui de secrétaire, dont tu m'as parlé ? Et le patron, comment il est ?

Oui ! C'est ça, en fait il sont deux, mais jusqu'à présent je n'en ai rencontré qu'un seul. Lui a l'air très sympathique, mais il a eut un drôle de sourire quand il a parlé de l'autre, il ne m'en a pas dit plus. Alors j'attends de voir.

La conversation roula sur les occupations de Klaus et les nouvelles du jour. Tout en parlant, Katrin se débarassa de son manteau et de sa fine écharpe, les étendant proprement sur le portemanteau. Les jumeaux se dirigèrent ensuite vers la cuisine, toujours intarissables. Après toutes ces années, ils trouvaient toujours le jour trop court pour se dire tout ce qu'ils voudraient. Machinalement, Katrin inversa les couverts. Couteau à droite, fourchette à gauche. Elle corrigea les plis de la nappe et plaça les verres à l'exact axe de symétrie de l'assiette. Tous ces gestes étaient devenus automatiques, depuis l'accident. Chaque chose à sa place...

Le repas se déroula gaiement, Klaus ouvrit même une bouteille de champagne pour fêter l'évènement, et il allèrent se coucher tôt. Katrin devait être en forme, elle commençait le lendemain...

Elle se leva sans problèmes. Loin d'être fatiguée, elle fut prête en un rien de temps et s'étonna de cette nervosité. Après avoir prit une minute pour reprendre son calme, elle enfila son manteau et sortit, se dirigeant vers ce qui était maintenant son lieu de travail.

Ses talons claquèrent sur les marches de l'escalier. Katrin était curieuse de découvrir son deuxième patron. Sous son apparente impassibilité, cette question l'intriguait. Pourquoi donc David avait il eu cette expression bizarre... ?

Elle secoua la tête. Sans doute se faisait elle des idées. L'essentiel, c'était qu'elle allait enfin travailler. Au delà du salaire et de sa satisfaction de gagner elle-même sa vie, celà l'occuperait tant que Klaus était au travail... Elle s'apprêtait à frapper à la porte quand celle ci s'ouvrit.