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Vendredi soir. Dernière escale : l’Etape d’Or.
Ren venait enfin à bout de son voyage. Partie de sa süddenwald natale pour faire un peu de tourisme, profitant de sa dernière prime encaissée, Ren voulait voir ses fameuses Montagnes Bleues. Il paraissait que c’était un spectacle à voir au moins une fois dans sa vie. Alors pourquoi pas ?
La dilligence arrivait enfin à destination après un voyage plutôt… secouant. C’était une diligence après tout.
Un des passagers s’agita tout de suite après l’arrêt des chevaux. Un jeune homme à l’allure plutôt…frêle s’extirpa du véhicule et bondit sans plus attendre afin de prendre son bagage. Ren s’étonna de cette impatience. Elle le suivit néanmoins dehors et prit son sac que lui tendait le cocher. Les deux autres personnes suivirent. Une fois tout le monde débarqué, le cocher repartit.
Ren s’accorda un instant et fit comme « l’impatient » et se mit à regarder l’auberge. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il aurait été un peu difficile de rater ce chalet. Il paraissait immense, imposant et à la fois chaleureux et acceuillant.
La lycan s’avanca donc et entra.

Gabrielle avait devancé la voyageuse avec une telle vélocité que lorsque celle-ci entra dans l'auberge de l'Etape d'Or, Gaby montait déjà l'escalier pour poser sa valise dans sa chambre

Lorsqu'on entrait par la porte principale de l'Etape d'Or, on pénétrait directement dans son immense salle à manger. Il y avait sans doute plus confortable pour les clients, mais cela permettait au voyageur de se sentir immédiatement en plein coeur de la convivialité si caractéristique à l'Etape d'Or.
A peine entrée, Gaby s'était dirigée vers son frère qui essuyait une table, vêtu d'un pantalon noir, d'une chemise blanche et d'un adorable tablier vieux rose... Gaby lui avait tapé dans la main avec complicité et lui avait dit avec malice :

"Salut frangin! Wow! T'es super sexy, comme ça!"

Mikaël avait grogné, faussement fâché.

"C'est à la blanchisserie, ils se sont planté : mon beau tablier blanc est devenu tout rose... Eh Mais! T'es de service ce soir!"

Gaby était partie en courant dans les escaliers tandis que la voyageuse s'avançait dans la salle. De loin, sa voix résonna :

"Ouais, moi aussi ça me fait très plaisir de te revoir, frangin. T'inquiète, je descend tout de suite!"

Mikaël soupira tout en souriant affectueusement. Puis il se tourna vers la voyageuse qui venait d'entrer dans la grande salle et, arborant fièrement son splendide tablier rose, il lui adressa un sourire chaleureux. Mikaël ne l'avait jamais vue et au vu de la lenteur des mouvements et de son hésitation, elle ne voyageait pas pour affaires. C'était sans doute une touriste. Elle allait sans doute rester assez longtemps ici, alors... Le sourire du jeune homme s'accentua.

"Bonjour! Soyez la bienvenue à l'Etape d'Or. Vous désirez sans doute une chambre?"

[HJ : T'as le droit de répondre : "Nan, c'est pour un tennis, connard!" ^^' ]

Ren entra donc dans l'auberge. Immédiatement saisie par l'ambiance chaleureuse que dégageait l'endroit, elle en fut interdite l'espace d'un instant. Une grande salle à manger avec des tables à plus ou moins grande contenance, un coin salon près de la cheminée où étaient regroupés canapés et fauteuils qui avaient l'air moelleux et donnaient envie de s'y installer.

Faisant le tour de la pièce du regard, elle tomba sur un serveur au sourire ravageur. Voilà de quoi vous redonnez le sourire après un long voyage à cahuter dans une cariole, euh... diligence et même si le mouvement de roulis avait tendance à la bercer, cela faisait du bien d'avoir "les pieds sur terre". Ren était une terrienne après tout, attachée à la nature et aux êtres vivants...Enfin pour ces derniers attachée d'une certaine manière... Celui l'humeur de son estomac. Mais pour le moment il n'hurlait pas famine mais souhaitait bien un petit quelque chose.

Elle se mit alors à étudier un peu plus ce charmant serveur qui s'avancait maintenant vers elle avec toujours ce sourire aux lèvres : pantalon noir, chemise blanche entrouverte au niveau du col, une crinière brune enmélée, des yeux noirs rieurs, Ren pouvait sentir une réelle joie de vivre provenant de ce type. Cela lui plu d'emblée. Petite touche exotique dans l'accoutrement d'un serveur normal : un tablier rose. Ren pencha la tête sur le côté. C'était pas banal mais il avait de ne pas trop s'en soucier alors bon. Après tout s'il aime le rose... Tous les goûts sont dans la nature.

"-Bonjour! Soyez la bienvenue à l'Etape d'Or. Vous désirez sans doute une chambre?

-Oui, s'il vous plait. répondit-elle avec un sourire en coin. Est-ce que vous auriez quelque chose de confortable ? Ce voyage m'a tué le dos.

-Ah les diligences ! Ils devraient faire quelque chose pour améliorer le confort, surtout pour un voyage de longue distance. Mais ne vous inquiétez pas ! J'ai tout ce qu'il vous faut ! Permettez ? fit-il en s'inclinant et tendant le bras."

Ren lui fit un signe de tête et lui donna son sac.

"Suivez moi je voue prie!"

Et tandis qu'ils montaient les marches de l'escalier et qu'il la menait vers sa future chambre, le serveur continua de s'intéresser à Ren.

"Vous venez de loin ?

-Oui on peut dire ça. Je viens des Schwefelsländer Sud.

-Ah oui quand même ! Ca fait une sacrée trotte ! Surtout pour faire du tourisme... Enfin je veux dire, vous êtes venue faire du tourisme ?

-On ne peut rien vous cacher monsieur... ?

-Mikael ! Appelez moi Mikael tout simplement. fit-il en glissant un clin d'oeil complice.

Ils arrivèrent devant la chambre 105 et Mikael ouvrit la porte sur une pièce à l'allure rustique mais à la fois confortable. Ren s'y sentit immédiatement à l'aise. Un lit à baldaquin tronait au milieu de la pièce. Lui faisant face une cheminée au montant travaillé était allumée et éclairait un fauteuil de maître de maison. Une commode et un chevet complètaient le tout.

"J'espère que cette chambre vous conviendrea le temps de votre séjour dans mon humble auberge.

-Oh oui ! Elle est parfaite ! (puis notant un détail ajouta : ) Votre auberge ? Vous êtes...

-Le Tenancier de L'Etape d'Or. Oui Mademoiselle. Pour vous servir. dit-il en faisant une révérrence qui amusa la voyageuse. Combien de temps comptez-vous rester ? ajouta-t-il .

-Oh je ne sais pas. Je n'ai pas vraiment d'impératif vous savez.

"Alors restez aussi longtemps qu'il vous plaira. fit-il cajoleur. Je vais vous laisser vous installer tranquillement. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, je serais en bas. Bienvenue parmi nous Mademoiselle.

Il allait s'en retourner lorsqu'elle lui déclara :

"Ren. Je m'appelle Ren, Mikael.

-Enchanté Mademoiselle Ren. "

Puis il disparut. Ren sourit. Ce petit séjour ici commençait à lui plaire.

Elle se dirigea vers la commode qui malgré un aspect massif n'en demeurait pas moins jolie. Elle ouvrit les tiroirs et y installa ses quelques vêtements. Une fois cela fait, elle s'approcha de la cheminée et caressa rêveusement le dossier du fauteuil. Ah ! La chaleur d'un foyer ! Que c'était si bon...
Ren soupira. C'était encore meilleur lorsqu'on pouvait le partager avec quelqu'un... Elle ne s'attarda pas plus sur une triste pensée qui lui était venue et se mis en quête de son hôte. Sa compagnie l'avait divertie.

Elle sortit alors, referma sa chambre à clé et descendit dans la salle à manger. Là, au vu du nombre de clients qui était soudainement apparu, elle se dit qu'il devait être l'heure de diner, ce qui lui mis l'eau à la bouche.
Les gens présents n'avaient rien de bien remarquable nota-t-elle en se dirigeant vers le fond de la salle pour s'installer dans un des fauteuils attenant à la cheminée. En chemin, elle reconnut "l'impatient" qui discutait avec Mikael ainsi que les deux autres voyageurs qui avait fait route avec eux ce vendredi soir. Quelques têtes se retournèrent sur son passage.
Et finalement elle s'installa dans le fauteuil de son choix et mit à observer le duo que formait Mikael et son frère, si elle avait bien saisit la phrase qu'avait crier l'impatient en montant les escaliers alors qu'elle venait juste d'entrer dans l'auberge.

Amsel n'avait jamais été un gros dormeur. Il avait cette faculté de s'endormir n'importe où, n'importe quand, mais son sommeil était toujours étonnamment léger. Donc pas étonnant qu'il ait dormit un vendredi soir. Pas étonnant non plus qu'une diligence l'ait tiré de son sommeil. Il avait cru reconnaître quelques voix qui lui semblaient familières, mais il n'y avait pas plus prêté attention que ça. Il s'était étiré, levé et avait regardé quelques secondes par la fenêtre de sa chambre, toujours assit sur le lit, inerte à toute chose autour de lui.

Bon, il était temps de se lever quand même. D'un pas nonchalant, les cheveux devant la figure, les plis de draps encore marqués sur sa joue et les yeux demi clôt, Amsel entama la longue descente vers le rez-de-chaussée. Cette aventure en soit se résuma par quelques buttages dans les murs et autres tables qui traînaient dans les couloirs, une perte d’équilibre dans l’escalier acrobatiquement bien rattrapé à la rambarde et un superbe vautrage contre la première table qui venait dans la salle à mangé.

Non, Amsel n'était pas très vif après un réveil... Surtout après une semaine comme celle qu'il avait passé. Mais malgré tout, il fallait garder un temps soit peu d'honneur.

C'est pourquoi il recula finalement près de l'escalier, s'appuya contre la rambarde, semblant admirer la salle entière, le visage posé sur une main. Si ce n'est que ces yeux étaient pratiquement fermé pour dire vrai. Mais les cheveux longs cachaient admirablement bien l'affligeante mine "vive" du jeune homme. Pour être tout à fait honnête, il attendait d'être un peu mieux sorti de son sommeil dans cette position, se relancer à moitié endormit comme ça, ce serait... Non, mieux vaut ne pas y penser.

Finalement, ça allait mieux, il se redressa, tituba vers les tables et se trouva face à Mikaël... et son magnifique tablier rose.

Amsel resta étonnamment sans réponse, admirant d'un regard mou le tablier et restant interdit devant la couleur. Son visage reflétait une expression la plus vide qui soit, quoi qu'elle tirait un peu sur l'endormit. Sans doute se passait-il quelque chose autour de lui, le saluait-on ou tant d'autre banalité, oui... Mais l'esprit d'un Amsel trop embrumé par un sommeil ne peut penser qu'à une seule chose.

Et là, c'était le tablier.

« Maintenant, il veut un café Blue Mountain bien noir avec un sucre et demi, du whisky pure malt et un nuage de crème chantilly…
- Bordel-de-merde-à-cul-nom-de-diou… Qu’est-ce qui faut pas entendre. Ch’uis désolé, mais on va faire avec les produits du coin. Je te parie trois marks qu’il ne verra même pas la différence.
- Je tiens le pari. »

Gabrielle tapa dans la main de son frère et repartit slalomer entre les tables pour prendre les commandes.

Tout le monde ou presque était descendu pour manger. Les membres de l’Humanis qui logeaient actuellement à l’Etape d’Or était là, ainsi que les voyageurs. C’était pour cela qu’il y avait toujours tant de monde dans l’auberge. En fait, tout le monde était là sauf Amsel Mitternachtslöwe.

Gabrielle s’approcha d’une table du fond, occupée par une voyageuse qui avait pris la même diligence qu’elle, même si elle ne s’en souvenait pas franchement. Elle tendit la carte du restaurant à la jeune femme.

« Voilà. Et n’hésitez pas à me faire signe quand vous aurez choisi ! »

Gaby repartit aussitôt en quête de commandes.

De son côté, Mikaël allait retourner en cuisine quand il vit Amsel descendre l’escalier comme un poivrot. Il n’était dans cet état-là que dans un seul et unique cas : quand il venait de se réveiller. Inquiet, Mikaël resta planté dans la salle à manger, observant tous les faits et gestes de son supérieur, près à bondir pour rattraper un éventuel vase bousculé. Amsel resta un moment accroché à la rambarde de l’escalier, puis il s’avança dans le restaurant et s’arrêta devant Mikaël, observant son tablier rose d’un air incroyablement neutre.

Mikaël s’abstint d’éclater de rire. Il mit ses pings sur ses hanches et dit d’un air faussement menaçant :

« Quoi ? La nouvelle couleur de mon tablier ne vous plait pas, chef ? »

Attention de ne pas parler trop vite ! Il lui fallait un certain temps pour bien décrypter tout ce qui se passait autour de lui. Pendant que la cervelle d'Amsel commençait à saisir que le tablier était bien rose...

* Quoi, c'est rose ? Oui, c'est rose... Baaah, c'est pas vraiment rose ? Si ! C'est sacrément rose !*

Voilà qu'il devait présentement analyser quelques paroles... Encore heureux qu'il n'y ait pas trop de subtilités dans la phrase. Bon, commençons par la première partie de cette fameuse phrase. Amsel ouvrit la bouche, la referma, prit un temps de réflexion...

* C'est donc vraiment rose ! Ha HA ! J'avais raison...*

Et répondit d'une voix pâteuse :

" Si, c'est très mignon, j'veux le même au Casse-Dalle..."

Heureusement, il était bien plus vif quand la situation était dangereuse... Si, si ! D'ailleurs, d'un coup, son regard se réveilla, quelque chose venait de tilter dans sa tête le sortant désormais de son inoffensif état de somnambule et il regarda Mikaël dans les yeux. Amsel grimaça superbement avant d'ajouter :

" Pas chef, pas chef ! Je suis seulement second ! Et encore que j'aimerais que ça reste discret... Et si tu vois le chef, le vrai chef, tu l'appelles comment ? Super Chef ? Chef du Chef ? Enfin bref, appelle-moi seulement Amsel... Je te l'ai pourtant déjà dit, non ?

Non ?
Si ?

Ah, je sais plus..."

Amsel se plongea dans une intense réflexion... De deux secondes, car à peine avait-il posé sa main sur sa bouche, habitude qu'il avait quand il réfléchissait (il mordillait son doigt également émettant quelques bruits étranges parfois...), qu’il s’était déjà retourné vers la salle en continuant :

" Un jus d'chaus... Un café, S'il te plaît ! J'vais m'asseoir !"

Une place, une place... Amsel balaya rapidement la salle des yeux... Il y avait... Des places libres, non pas amusant... Des places avec des gens de l'humanis, non, trop sérieux ! Des places avec des gens qu'il ne connaissait pas, ouiii tentant ! Et... !

" Qu'elle surpriiiise !"

Il galopa gaiement vers celle qu'il avait repéré, évitant quelques passants, slalomant entre les gens en y faisant attention (il n'était plus au Chopkusec, pas question de créer des ennuis à Mikaël ou Gabriel...) et arriva devant...

"Ren ! Si je m'attendais à vous revoir !"

Il s'assit, sans évidement demander la permission et afficha une mine ravie à la dame assise en face de lui. Maintenant, il fallait être vigilant : Amsel était réveillé... Parfaitement réveillé... Tout son esprit était réveillé...

[ On va faire en sorte de se présenter au prochain post du chopkusec, donc, tu sais qu’il s’appelle Amsel… ^^]

Installée confortablement dans le fauteuil, Ren n'eut pas longtemps à attendre avant que l'impatient ne fasse une autre apparition à ses côtés. Il lui tendit la carte tout en la gratifiant d'un : "Voilà. Et n’hésitez pas à me faire signe quand vous aurez choisi " avant de repartir aussi sec.
Bah il fallait dire qu'il y avait du monde ce soir là. Enfin plus que dans la plupart des auberges ou bar que Ren fréquentait habituellement. C'était un peu étrange, pas effrayant non, Ren n'avait pas peur de la foule, mais généralement, elle excelle de mano à mano avec sa proie...

En parlant proie, cela lui ouvrit l'appétit et elle jeta donc un coup d'oeil à cette fameuse carte. Rien de bien extravagant n'en ressortait et Ren allait se décider pour un bon vieux classique : le steack saignant ! Quand une voix qu'elle ne pensait pas entendre de si tôt chanta à son oreille...

"Ren ! Si je m'attendais à vous revoir !
-Amsel ! Et moi donc ! répliqua-t-elle en abaissant la carte pour offrir un magnifique sourire sincère à son nouvel ami. Je ne pensais pas que vous m'adresseriez de nouveau la parole après ce qu'il s'est passé au Chopkusec, à Altstadt... finit-elle dans un murmure.

Elle s'était laissée emportée dans le feu de l'action et n'avait pas vraiment réfléchie à la répercussion de ses actes. Mais bon, le mal était fait. Elle ne pouvait plus revenir en arrière de toute façon.
Et puis s'il lui parlait de nouveau, c'est qu'il n'Y accordait pas trop d'importance... Ce qui la réjouissait d'ailleurs. C'est pourquoi elle reprit avec enthousiasme :

-Que faites-vous ici ? Vous êtes en vacances vous aussi ?

Ah la dernière fois ! Oui, ce n'avait pas été banal, même Amsel devait l'avouer. Mais le jeune homme en avait bien vu d'autre, alors ça... Non, ce n'était pas ça qui allait l'empêcher d'embet... De parler avec quelqu'un ! Encore qu'aujourd'hui, il n'avait pas spécialement l'intention de nuire à qui que ce soit. L'endroit était géré par deux personnes qui le nommaient « chef ». Juste ici, il se devait de servir, plus ou moins, (c'est Amsel, ne l'oublions pas) d'exemple. En commençant par ne pas leur porter atteinte, c'était déjà pas mal.

" Ne vous en faîtes pas, j'en ai vu d'autre."

Des vertes et des pas mures même.

" En vacances ?"

Ah, des vacances ! Des vraies vacances ! Depuis combien de temps n'en avait-il pas pris ? Ces deux activités étaient assez prenantes à vrai dire... il y avait le boulot de barman qui lui prenait ses soirées... Son "autre activité" comme il se plaisait à la nommer qui l'occupait pas mal... D'ailleurs, quand il ne venait pas au Casse-dalle pour cette "activité", son absence était décomptée de ces jours de repos... Donc, il n'avait pas de vacances finalement... Et même quand son patron, dans un élan d'infinie bonté, lui disait que le bar était fermé, Amsel avait autre chose à faire qu'à se reposer.

C'est pourquoi il ria un peu, étouffant à moitié ce rire dans ces joues avant de s'excuser auprès de Ren qui devait ne pas trop comprendre ce qui se passait.

" Je ne suis pas le genre de personne à beaucoup prendre de vacances."

C'est vrai... Là, il était venu pour avoir quelques nouvelles des humanis (c'était bien ici que la concentration des membres de l'humanis était la plus élevée...), mais aussitôt son café dans l'estomac, il repartirait sans doute faire autre chose... Chasser les infos peut-être. Ce n'était pas son genre de prévoir à l'avance, mais il trouverait.

" En fait, je connais les gérants de l’auberge, je viens prendre quelques nouvelles. Encore que je n'ai pas vu le p'tit frère..."

Sourire innocent armé, ce n'était qu'un demi-mensonge après tout. D'ailleurs, il mentait bien le bougre, alors juste un demi-mensonge, c'était facile... C'était vrai qu'il était venu pour avoir des nouvelles de Mikaël et de Gabriel, mais pas seulement, il y avait aussi glaner quelques infos pour l'humanis. Les deux étaient jeunes et pas arrivés depuis spécialement longtemps. C'est pour ça qu'Amsel venait régulièrement, mine de rien. D'ailleurs en parlant de petit frère, c'était étonnant de ne pas l'avoir vu. Bah, sans doute serait-ce lui qui lui servirait son jus d'chau... son café. Ainsi pourrait-il se "consacrer" uniquement à la jeune femme.

" Et vous, qu'est-ce qui vous amène si loin de chez vous ? "

Grand sourire décoché, il ne fallait plus maintenant qu'attendre une réponse.

Gabrielle revenait des cuisines, portant un plateau dans chaque main. Dès qu’elle entra dans la salle à manger, ses yeux tombèrent sur Amsel Mitternachtslöwe. Ça faisait un bout de temps qu’elle ne l’avait pas vu et qu’elle passait son temps à demander « discrètement » aux autres membres de l’Humanis Tutela quand il était prévu qu’il revienne. Et il était là, arrivé au moment où personne ne l’attendait, comme d’habitude. Un large sourire illumina le visage de la jeune fille travestie. Son frère eut un sourire ironique en voyant l’expression sur son visage.

« Il a commandé un café.
- Ah… »

Gaby resta immobile un instant de plus, puis elle alla servir les plats qu’elle portait aux tables où l’on s’impatientait. Elle se dépêcha d’aller ensuite derrière le bar pour préparer le café d’Amsel. Elle s’appliqua, toute contente d’avoir l’occasion de faire plaisir à son supérieur.

Pause. Le comportement de Gabrielle peut vous paraître curieux si vous méconnaissez ou avez oublié des informations majeures sur son compte. Expliquons.
Gabrielle est une jeune fille au cœur tendre, débordant d’amour pour quiconque en veut. En somme, elle a ce qu’on appelle un cœur d’artichaut et à systématiquement un faible pour tout homme présentant l’une ou plusieurs de ces caractéristiques : la beauté, l’élégance, le charme, la galanterie, le courage, la gentillesse, la noblesse de cœur, la volonté, lui avoir sauvé la vie, lui avoir rendu un fier service ou l’avoir flatté. Et oui, Amsel Mitternachtslöwe présente au moins une de ces caractéristiques. À vous de trouver laquelle ou lesquelles…

Reprenons.
Gaby embarqua d’une main la tasse à café sur sa coupelle et de l’autre, un pichet d’eau. Elle se dirigea à grandes enjambées vers la table d’Amsel sans le quitter des yeux. Très vite, elle remarqua qu’il discutait avec quelqu’un. Quelqu’un de l’Humanis, sans doute. Puis, en contournant une table, elle vit enfin avec qui Mitternachtslöwe parlait. Elle s’arrêta tout net, figée. C’était la voyageuse à qui elle avait donné la carte, quelques minutes plus tôt. Il la connaissait ? Ils avaient l’air de drôlement bien s’entendre, et la jeune femme lui faisait un magnifique sourire. Et lui, Amsel, est-ce qu’il souriait de la même façon ? Les petits poings de Gaby se serrèrent sur le pichet d’eau et sur la coupelle de la tasse à café.
Elle reprit sa marche, mais plus lentement. Elle fit un détour pour faire en sorte de croiser Mikaël.

« Psst ! »

Mikaël se pencha vers elle, les bras chargés de vaisselle, le regard interrogateur.

« C’est qui elle ? »

Gaby indiqua du menton la table de Mitternachtslöwe. Son frère sourit mais il haussa les épaules.

« ‘Sais pas.
- Je croyais que Monsieur Mitternra… Mittre… Monsieur Mit… que Monsieur Amsel était célibataire ! murmura-t-elle d’une voix indignée.
- T’es jaloux, petit frère ? »

Mikaël lui adressa un nouveau sourire taquin.

« Même pas vrai ! Mais ! Quand même…
- Qu’est-ce que tu croyais ? C’est un homme. Tu pensais qu’il était a… »

Mikaël étouffa un juron lorsque sa sœur lui écrasa furieusement le pied avant de se diriger rageusement vers la table d’Amsel et de la voyageuse.

En réalité, Mikaël n’avait pas la moindre idée de quelle pouvait être la vie sexuelle de son chef, mais taquiner sa petite sœur était tellement facile et amusant qu’il n’avait pas pu s’en empêcher. C’était son pied gauche qui en payait le prix…

Gaby s’arrêta devant la table. Elle posa brutalement le café d’Amsel devant lui ce qui eut pour effet d’en déverser un tiers dans la coupelle.

« Le café de monsieur ! »

Puis elle posa le pichet d’eau : les couverts sursautèrent sur la table avec fracas et la nappe fut inondée.

« Madame s’est-elle décidée ? »

La voix de Gaby était sèche, coupante comme un rasoir et dégoulinante d’ironie. Elle croisa ses bras sur sa poitrine d’un air sévère et impitoyable.

[HJ : Niéhéhéhé! J'me suis bien amusé! -^^- ]

[Archi désolée pour le retard de réponse !! Après m'être fait gentiment taper sur les doigts me revoilà!! ]

"-Ah..."

Notre nouvel ami Amsel n'était pas du genre à prendre des vacances.

"-C'est bien dommage. Il faut pourtant bien vous reposer de temps en temps. A moins de ne pas être totalement humain.." finit-elle un demi-sourire aux lèvres.

" Et vous, qu'est-ce qui vous amène si loin de chez vous ? reprit-il le sourire aux lèvres. Sourire des plus charmant d'ailleurs.

Ren se pencha alors en avant, jouant un peu de ses charmes. (il faut bien l'avouer)

"-Du tourisme. On m'a dit que les montagnes bleues étaient à voir. Alors je me suis dit pourquoi pas ? " fit-elle sur un ton de confidence.

Confidence vite écourtée avec l'arrivée impromptue de "l'impatient" serveur. Arrivée plutôt fracassante qui fit sursauter la lycan lorsqu'il posa brutalement la tasse de café et le pichet d'eau sur la table, en en reversant la moitié par la même occasion.

« Madame s’est-elle décidée ? » demanda-t-il hargneux.

Ren se demanda un instant ce qui avait bien pu faché le jeune homme. Mais son attention fut détournée par une sensation humide au niveau de la poitrine. Baissant le regard, elle découvrit une large tache d'eau sur son vêtement qui lui collait maintenant à la peau. C'était un brin.... désagréable comme sensation. Elle tira donc sur le tissu qui vint immédiatement se recoller à la peau pâle de la gorge de la Lycan.

"-Mademoiselle prendra un steak saignant et voudrait bien avoir une serviette. S'il vous plait."
corrigea-t-elle en passant sa commande.

Elle avait fréquenté bien des petits bars mais c'était bien la première fois qu'elle voyait un gringalet renverser autant de liquide en servant une seule commande. A n'en pas douter, vu la colère qui débordait joyeusement de son être, quelque chose lui avait déplu. Mais quoi ? Ren n'avait remarqué aucun indice lui permettant de la mettre sur la voie.
Elle résonnait ainsi en regardant dans les yeux le jeune serveur maladroit et en décollant de temps en temps le tissu collant qui ne cachait plus grand chose de sa poitrine à présent.

[Et voilà ! En espérant que cela vous conviendra à tous les deux... pas taper! ]

[HRP : je me permets d'intervenir ici, car il semblerait ridicule de commencer un autre sujet... dites-moi si le message n'est pas à sa place, SVP, et si je dois le déplacer ^^]

Les voyages à cheval sont pour le moins éprouvants. Ainsi, passer sa journée sur le dos d’une de ces affreuses bêtes quadrupèdes a de quoi lasser, ou, pour être plus exact, de fatiguer. Le soleil tombait alors que des petites lumières, à l’horizon, semblait firent ressortir une silhouette presque familière, arborant vaguement la forme d’une maison. Ou d’un refuge, peut-être. Certainement l’auberge que lui avait indiquée le vieux Boldrovic. Quelle idée, tout de même, de l’envoyer séjourner dans une auberge, lui.

Le vent se faisait un peu plus frais, sans être pinçant, et il tardait à notre cavalier nocturne d’atteindre le cottage – pour reprendre un terme alors à la mode – afin de pouvoir se réchauffer. Il en était presque à porter de l’admiration à tous ces messagers et autres ordonnances qui effectuaient leur déplacements de nuit, mais son empathie se heurtait aux frontières délimitant son statut de descendant de Graf, et ne franchit pas la ligne. Tout au plus convint-il de la fraîcheur environnante. Les lumières se faisaient plus grosses, et plus brillantes. L’ombre s’agrandissait, passant pour plus vaste et étendue qu’elle avait paru auparavant.

Le bruit des sabots sur la route de terre battue rendait le trajet moins monotone, mais plus rébarbatif. Franz s’amusait à compter les foulées de son destrier pour éviter d’avoir à penser à ce qui pouvait l’attendre dans le lieu auquel il se rendait. A défaut de lui avoir fourni un logement décent, le vieux Boldrovic aurait pu, au moins, le faire bénéficier d’un voyage en train, cette nouvelle invention, chef d’œuvre de mécanique, et certainement plus confortable que le dos de cette satanée mule. Frison, pardon. Même pas un pur-sang. On devait vraiment se moquer de lui, en ce moment, à Altstadt. Quelle ironie, tout de même. Il n’avait même pas reçu de réponse de la seule personne contacté chez ces modérés de l’Humanis qu’on l’y envoyait déjà. Un baptême du feu, en quelque sorte.

Les lumières ponctuelles firent place à des fenêtres éclairées. Une diligence se tenait face à la bâtisse, fraîchement arrivée, selon toute apparence. Une diligence aussi aurait pu faire l’affaire…

*Bon, nous y voilà…*

Franz mis pied à terre, et attira son cheval vers ce qu’il soupçonnait être une barre horizontale, à laquelle il attacha les rênes, en les enroulant simplement deux fois. Il défit son sac et le hissa lourdement sur son épaule. Non qu’il fut particulièrement lourd, mais plutôt encombrant pour un humain normal. Comprenez bien : normalement plus haut, supérieur. La normalité aussi pouvant être relative… Assurant ses pas, un peu ankylosé après un si long trajet, il se dirigea vers l’huis donnant accès à ce qui serait, selon toute vraisemblance, la salle commune.
Et il ne s’y trompa pas. Quelques personnes étaient déjà présentes, et semblaient discuter en petits groupes épars, çà et là. Son regard courut sur toute la largeur de la pièce, pour l’apprécier dans son intégralité. Le lieu était certes accueillant. Cosy, non, ou alors il fallait revoir son standard, mais cela devrait largement suffire pour un envoyé de l’Humanis originelle – telle que Franz la nommait. Il se découvrit alors, enlevant d’une main leste et rapide son tricorne qui l’avait protégé de la bruine vespérale.

Son bagage sur l’épaule droite, il s’avança dans la salle, vers ce qui, selon toute apparence, était le comptoir, ou la réception - peut-être même les deux – et se faire ainsi annoncer… enfin, prévenir de son arrivée.
Ses pas résonnèrent plus qu’il ne l’aurait souhaité en frappant contre le plancher. Sa démarche altière, et hautaine, le démarquait légèrement des personnes présentes. Certainement en raison de son air un rien présomptueux.

[ Non, ça pose aucun problème ; y'a pas marqué privé dans le topic, alors, booon... Et vu que je me suis invité dans ce sujet, je suis mal placé pour dire que t'es pas le bienvenue ^^... Par contre !

Ça risque d'être long comme sujet : je m'explique :
- Ren à des études prenante et ne dispose pas d'internet sur son lieu d'étude. C'est uniquement grâce à la générosité de quelqu'un qu'elle peut répondre de temps en temps (c'est marqué dans Absence je crois...)
- Gaby n'est là que le week-end.
- J'ai également des études... Chargées, donc, je suis également plutôt long à la réponse.

Si malgré ça, tu veux rester, soit le bienvenue ici ! ]

Amsel aurait bien continuer à parler tranquillement quand soudain, une tasse de café fit un atterrissage plus que brutal sur la table, déversant une partie du précieux liquide dans la coupelle. Il trouva presque étrange de voir que seulement quelques gouttes lui arrivèrent dessus, mais pas plus. Habituellement, sa "chance" aurait... Ah, non, parlons pas de malheur, quelques gouttes, ça suffirait pour ce soir. Prenant sa tasse entre les mains, il en admira le fond restant, un petit regard triste envers le café perdu qui stagnait dans la coupelle.

Gabriel était... Mal luné aujourd'hui pensait Amsel. Mais le pourquoi du comment, il n'en savait rien. Bah, c'était sans doute une histoire de coeur sur son lieu d'étude, c'était de son âge, ça, les histoires de coeur. La belle devait en voir un autre. Il avala une gorgée de sa tasse en silence, considérant qu'il ne valait pas trop se frotter à Gaby en colère... Pour une fois, il adopterait une attitude calme et réservée pour ne pas avoir trop d'ennuis et ne pas en créer. Oui, c'est ce qu'il ferait.

Il aspira ainsi discrètement le fond de sa tasse, qu'il trouva fort bon d'ailleurs, meilleur que celui de Mickaël en fait, observant d'un oeil Gabriel, entendant d'une oreille Ren commander. Ah oui, Ren ! C'était impolie de la part du rouquin de ne même pas avoir pensé à la présenter à Gaby ! Mais qu'allait-il dire aussi ? Salut, c'est Ren, la dernière fois que je l'ai vu, elle a égorgé un gars qui lui cherchait des noises ! Non, non, sale idée... Il balaya cette idée d'un revers de main en posant délicatement sa tasse vidée si rapidement, faisant attention de ne pas renverser le café contenu dans la coupelle sur la table. En jetant un coup d'oeil à Ren, il remarqua le tissus mouillé qui coulait doucement et soulignait un peu plus la... Féminité de la demoiselle. Il soupira et détourna le regard en tournant sa tête qu'il appuya contre sa main.

Amsel ne s'intéressait pas à ces chose là. Reluquer une fille, ces formes et tous ça, non, il s'en fichait. En détournant son regard, inévitablement, il vit Gaby, encore à coté. Gabriel. Innocent petit Gabriel. Oui, pour Amsel, Gabriel était forcément quelqu'un de très innocent. Pour une raison inconnue encore, mais innocent. Et là, de l'eau coulait entre les seins d'une femme, qui collait les vêtements de la dame sur la dite poitrine... C'était tous sauf innocent. Quoi que c'était de l'âge à Gabriel de s'intéresser à ça...

18 ans, tous ça, on pense forcément aux filles, à leur formes... Amsel, on l'avait obligé à penser aux vampires plus qu'aux filles, mais c'est une autre histoire ça. Il savait quand même qu'à 18 ans, on perd son innocence... Encore une fois, il chassait de sa tête cette pensé : Non, Gabriel devait garder son innocence à ce niveau là.

Ah ! Il y avait aussi que la dernière fois que quelqu'un s'était amusé à enquiquiner la dame, il s'était retrouver au cimetière... Bon, certes, l'outrage était plus important qu'un simple regard vers une poitrine, et c'était bien pour ça qu'Amsel était revenu vers Ren. Mais même. Il n'empêchait qu'elle aurait put être susceptible à ce niveau là, la p'tite dame. Oui, en y réfléchissant bien, aucune personne de sexe féminin n'aime bien voir quelqu'un regarder à ce niveau là... Et si la demoiselle se retrouvait un peu trop impulsive, elle avait de quoi se défendre et alors...

Il fallait éviter ça ! Pas de désordre dans cette auberge, pas de dispute, pas de perte d'innocence, il fallait empêcher ça !

Ainsi, courageusement, dans un geste rapide et maîtrisé, Amsel se leva vers Gabriel et lui cachât les yeux de la main... En faisant tout de même attention de ne pas faire mal au lycan quand même. En un souffle, il lâchât hâtivement :

" Gaby, regarde pas, c'est pas ton âge !"

Et voilà, innocence préservée. Et flûte au fait que ça aurait pus être de son âge en fait...

Collé contre Gabriel, la main toujours sur les yeux, le jeune homme regarda rapidement le nouvel arrivé en ces lieux. Mais là, il était bien trop occupé à préservé l'adorable Gaby et son innocence plutôt que de s'occuper des nouveaux venus en fait...

[ Bon, t'as plus le choix, tu dois rester en fait =p ]

[HJ : Désolée pour le retard. Ça fait un moment que la réponse est écrite, mais je n'ai pas eu l'occasion de la poster avant.]

Quand la jeune femme insista sur son célibat en précisant « mademoiselle », Gabrielle sentit une colère encore plus vive monter en elle. Et bien, au moins pour se venger, elle continuerait malgré tout à l’appeler « madame ». Elle ferait comme si elle n’avait rien entendu, c’est tout…
Gaby allait faire passer la commande à Mikaël quand il se passa quelque chose de tout à fait inattendu. Amsel lui sauta littéralement dessus pour lui cacher les yeux. La première réaction de Gaby fut l’incompréhension et la confusion. En sentant le corps d’homme de son supérieur collé contre elle, Gabrielle faillit faire une syncope. Son visage vira au cramoisi à une vitesse vertigineuse.
D’autre part, elle essayait de comprendre (non sans difficulté, au vu de la situation) ce que voulait dire Amsel par « c’est pas ton âge ». N’ayant même pas remarqué les vêtements mouillés qui collaient à la poitrine de la jeune femme, elle ne pouvait pas comprendre le sens originel de la phrase. Elle la comprit donc de travers. Au jour de la remarque que son frère avait faite un peu plus tôt, Gaby eut une (fausse) révélation : Amsel s’apprêtait à conclure avec la demoiselle et il ne voulait pas que l’innocent Gabriel assiste à cette scène.

Gabrielle eut l’impression que tous ses organes se retournaient à l’intérieur d’elle, un peu comme lorsqu’elle se transformait en loup, en fait. Le cœur brisé, elle ne se sentit soudain plus la force de rester en présence de tous ces gens, de faire bonne figure, de donner l’impression d’un gentil petit homme.

Elle se mit soudain à sangloter, ses larmes coulant sur la main d’Amsel. Enfin, elle se dégagea et partit en courant, reniflant et hoquetant, vers les cuisines, bousculant quelques clients, dont le nouveau venu qu’elle n’avait absolument pas remarqué, et renversant quelques assiettes, telle une tornade.

« Gaby ! »

Mikaël essaya de l’arrêter mais autant essayer d’attraper les courants d’air…
Gabrielle entra en trombe dans la cuisine et alla se réfugier dans un coin, sous un évier. Elle se recroquevilla sur elle-même pour sangloter à son aise. Une jeune fille qui épluchait des pommes de terre s’arracha à sa tâche rébarbative pour tenter de consoler Gaby.

En salle, Mikaël réparait les dégâts causés par sa sœur. Il s’excusait auprès des clients et ramassait les assiettes brisées. Les membres de l’Humanis se montraient compréhensifs et l’aidaient parfois à ramasser les débris tandis que les clients rouspétaient, demandaient explications et dédommagements…
Enfin, le jeune tenancier s’avança vers le nouveau venu qui, à sa mise et à sa posture, sentait le client exigent à dix mètre à la ronde.

« Bonsoir, monsieur. Je vous prie de bien vouloir excuser m… mon jeune frère. Il est parfois imprévisible. Que puis-je faire pour vous, monsieur ? »

Mikaël s’était repris car il avait bien failli dire « ma petite sœur », car dans ces circonstances, il avait du mal à se rappeler qu’elle devait jouer le rôle d’un garçon.
Mais malgré tout ce remue-ménage, il parvenait à garder une contenance parfaite et son sourire agréable.