La nuit s'étendait petit à petit sur la ville, installant une fraicheur qui n'était pas pour déplaire à une certaine personne. Il était intéressant de voir, surtout de ressentir les effets de l'alcool sur ses sens. Les lèvres sucrée par une liqueur de fruits au goût subtile, Moroh appréciait le léger flou qui commençait à gagner son corps. Il vagabondait de ci de là dans la cité, glanant dans diverses fêtes mondaines ou à l'opposé dans les quartiers sordides des informations sur les marchés parallèles, jouissant des petites compensations qu'offrait cette vie de débaucher. En même temps, les quelques virulent anti lunatistes ou ceux qui essayait de le duper lui ou son clan, disparaissaient de plus en plus de cet univers... Moroh faisait les choses bien et était très protecteur envers les intérêts de sa famille de substitution. Enfin bref, la vie s'égrainait dans la cité sans qu’il sente bien le temps passé, une impression ou plutôt une illusion que ces divagations pourraient durée toujours, ah la jeunesse !
Bref, ce soir là, c’était donc quelque peu grisé qu’il entra dans un des nombreux cabarets du quartier. L’hybride avait la nuit dernière, grâce à son pouvoir, « emprunter » une forte somme d’argent chez un des nombreux bourgeois de la société d’Hostatch… C’était le moyen le plus facile qu’il avait pour bien vivre monsieur était parfois du genre paresseux. Quoiqu’il en soi, les choses étaient simplifiées, par exemple ce soir il n’aurait aucun mal à se payer de menus plaisirs. Le décor du cabaret était classique pour ce genre d’établissement, très baroque avec l’ensemble de fioritures qui convient, petites dentelles par ci, satin pat là… etc. L’ambiance était quant à elle était encore relativement calme, ce n’était que le début de la soirée. La musique s’élevait dans un rythme assez soutenue et déjà quelques filles fanfaronnaient sur la scène avec force d’éclat de rires. C’était la vue qu’il avait depuis le fond de la salle qui était de taille moyenne, partie pris du patron pour ne pas perdre une part d’intimité soit disant. Le lunatiste avait quelques relations ici à force d’y faire des passages plus souvent plus brefs que fréquents.
« Hey hey ! Mon petit flocon ! Alors on vient spécialement pour la soirée du Baron ! », lança une demoiselle aux cheveux de feu ondulés, c’était Anna. Elle lui trouvait de sérieux arguments physiques et avait pris l’habitude de l’aborder sans complexe jusqu’à ce qu’il finisse une nuit par céder, chose qu’il n’avait pas encore fait à défaut d’être d’humeur. Cette fois là elle affichait une tenue provocante faite d’un corset porte jarretelles, de bas, et pour la forme d’un chapeau haut de forme, l’ensemble étant dans les tonalités roses.
« Arf… Quoi ? Quel Baron ? »
« Oooh tu n’es pas au courant… Un riche et jeune aristocrate va passer la nuit ici avec ses amis pour fêter son accession à son héritage. (D’un ton plus bas et conspirateur) On dit qu’il sert de calice à un vampire et que la créature ne serait pas étrangère à la fin de l’agonie du père… Une vraie tragédie grecque. »
Il la regarda avec une moue septique, ce ne serait pas la première fois que les gens se montent la tête avec des idées plus ou moins sordides. La meneuse de revue, du nom d’Elisa interrompit l’échange en interpellant la jeune femme qui papillonna jusqu’à l’entrée des coulisses non sans gratifier l’hybride d’un clin d’œil malicieux si ce n’est pas coquin. Il soupira avant de prendre une bouteille de champagne et s’installer à une des tables, affichant un sourire amusé devant les danseuses qui soulevaient déjà très haut leurs jupons à froufous.
Une moitié de la bouteille plus tard, deux danseuses l’avaient rejoint à sa table et il bavardait sans retenu, l’alcool aidant ces choses là. Il devait bien être aux alentours de minuit lorsqu’un groupe important de personnes fit son entrée dans la salle. Les gens présents applaudirent pour la plupart, saluant le nouveau Baron d’Eschasnay et sa bande d’amis… Plissant le regard Moroh scruta ces individus dont certains dégageait de façon assez perceptible pour son odorat animal, des effluves de sang encore frais… Automatiquement et sans qu’il en ait le contrôle, la salive monta au palais de l’'OGC et son rythme cardiaque s’accéléra…