Theke [L'affaire Emile Reichtum]

Le Theke était un bar du Quartier Haut forcément bien fréquenté. Ici, on ne laissait pas entrer les ivrognes de bas de gamme, que la crème de la société de Hochstadt. De toute façon, ces « saltimbanques » des niveaux inférieurs ne pouvaient pas entrer dans le Quartier Haut sans montrer patte blanche. Alors entrer dans l’un des meilleurs bars de l’aristocratie…
La fumée de cigarettes et cigares de luxe envahissait la salle de billard située derrière la salle du bar et débordait dans cette dernière. Les deux pièces n’étaient séparées que par une petite porte de saloon. Les voix de plusieurs gentlemen se faisaient entendre dans la salle de billard et la fumée qui s’en dégageait montrait qu’il y avait une partie en cours. Dans la salle du bar, il n’y avait guère de monde, mais bientôt elle se remplirait : le soleil s’était couché et c’était l’heure habituelle où les clients affluaient.

Une silhouette noire entra en enlevant son chapeau de feutre.

« Bonsoir M. Rafe. » dit l’élégant barman avec respect au nouvel arrivant.

Rafe répondit par un sobre signe de tête. Il alla s’installer à une table isolée. Il se contenta de saluer toujours discrètement les habitués qui le connaissaient un peu et commanda un whisky.
Rafe avait eu une rude journée de travail… Mais quel était son travail ? Cela, seul un nombre restreint d’amis intimes le savait.
Toujours était-il que Rafe avait besoin de se détendre… Comme toutes les nuits ou presque.
On le voyait assez souvent dans ce genre de lieu. Pour beaucoup, il était un riche héritier blasé qui n’avait d’autres moyens de gaspiller son argent que de s’amuser. Mais le fait qu’il refuse de dire quoique ce soit sur lui amplifiait la curiosité et le mystère qui l’enveloppait.
Ce que tous ces gens ne savaient pas, c’était que Rafe avait un but en fréquentant ainsi le monde, aussi petit soit-il. Mais cela, personne ne le savait, même pas le nombre restreint d’amis intimes.
Rafe déplia le journal qu’il avait à la main, croisa ses jambes et commença à lire.
Au bout de quelques minutes, les voix qui provenaient du billard attirèrent son attention. Il leva les yeux de son journal et écouta attentivement. Il en reconnaissait deux au moins. Ces gentlemen ne lui étaient pas inconnus… Mais il n’aurait pas été convenable de les interrompre, même s’il avait envie d’aller les voir.
Rafe alla donc reprendre sa lecture. Mais il eut l’étrange impression qu’on l’observait. Il s’aperçut qu’il s’agissait d’une jeune femme à une table voisine qui ne cessait de le regarder calmement. Rafe lui adressa un bref et faible sourire avant de replonger son nez dans son journal.

Hans était installé a une table, non loin de la, quatres menbres de son escorte attablé autour d'une biere surveillait la salle. Il s'agissait de quatre gaillards recrutés pour leurs qualité athlétique et martiale. En manteau noir et haut de forme, et avec leur air suspicieux il ne passait pas inapercut. Hans les regardait du coin de l'oeil l'escorte était de pure forme, peut d'arme était capable de l'atteindre, de plus ses rivaux ne se serait jamais risqué a l'attaquer dans un lieu publique.

Celui ci tira une bouffé sur son cigare, un de ses rare petits plaisirs de sa vie, puis retourna dans son journal, a la page financiere. Comme prevu le cours de Bayer Kraft avait chuté brutalement apres l'attentat contre son laboratoire le matin même. Biensur Hans avait vendu ses actions la veille a un bon prix. C'est lui qui vait fait en sorte que les rebel s'en prenne au centre de recherche. Il avait fait une bonne affaire, le lendemain l'action serait au plus bas, et l'organisation prendrait le controle de la compagnie et ainsi placerais sa propre faction dans un secteur stratégique. Et cela le plus legalement du monde, de toute facon la comission de controle des transaction boursiere d'Hochstadt était controlé par des hommes acquis a sa cause...

Biensur, certain menbres des Onzes desapprouverais fortement, l'Austauch aimait moyennement ce genre de coup. La politique était plutot d'assurer une certaine securité dans le milieu financier. Cependant son "coup" servait un plan plus ambitieux. Mais cela ferais jaser, il ne faisait parti des Onzes que depuis quelques mois et il s'était deja attiré les foudres des plus conservateur, il avait aussi ses partisans biensur. Peut de gens le savait mais l'Austauch était plus une conféderation qu'un bloc monolithique, et de facon irronique elle était plus democratique que le regime politique des Schwefelsländer. A condition d'etre un apparatchik...

Toujours est il que l'Austauch, reglait quantité d'aspects de la vie du pays, et il n'en était pas peu fier. L'organisation avait l'oeil sur la petite criminalité et avait féodé toute les petites bandes, qui ainsi était sous controle, c'était ainsi un moyen d'assurer la tranquilité de zone voulu, et surtout de donner un incroyable vivier au recrutement de l'organisation qui pouvait ainsi decouvrir de nouveaux "talents". La Police était a en partie sous controle, et chassait les empecheurs de tourner en rond. C'était une machine bien huilé, un etat dans l'etat, et ses leaders pensait sincerement que les Schwesländer leur devait en grande partie leur prospérité.

Hans posa son journal, lacha quelques cendres dans le cendrier, puis amena son verre de vin a ses levres. Il n'en ressentait plus du tout le gout depuis son "operation", mais il continuais a commander toujours le même breuvage, comme pour essayer de se rappeler. Depuis pres de vingt ans, son corps n'était que douleurs. Le simple fait de respirer était douloureux. N'importe qui se serait probablement suicidé, mais il avait des projet, et avait fini par reléguer la douleur au fond de sa tête, un simple signal qu'il avait appris a oublier.

Il observa la salle, et sa riche clientele. C'était le monde dans lequel il était né, mais il n'y avait jamais vu aucun lustre, aucune ambition a sa mesure. Comme si l'edonisme de la bourgeoisie, avait rendu la vision des gens plus étriqué... Il apercut alors un jeune homme attablé a une table, l'air insouciant. Il le regarda fixement, et songea qu'il avait du lui ressembler avant la guerre. Un jeune premier, peu presser d'entamer sa vie, profitant de la vie de bohème, s'enivrant tout les soirs, profitant des charmes des filles. Il fut une fraction de seconde nostalgique, mais il avait l'intime conviction d'etre promis a un destin plus glorieux.

Il n'arriva pas a passer a autre chose, le garcon l'intriguait. Il se retourna vers son escorte, et fit signe a Heinrich d'approcher. Le colosse brun s'approcha, s'assied a sa table et se pencha sur son chef. Hans lui indiqua du menton le jeune homme.

"Sonnes Einheit..."

Hans hocha un sourcil (celui d'origine...), encore excentrique... Il pris la parole d'une voix calme.

"Reichlich?"

Le colosse secoua la tête. Hans l'appreciait car il était plus spontané que la pluspart de ses subordonnés qui se montrait trop respectueux voire craintif.

"Apparemment non, on ne sait pas grand chose sur lui. Il serait d'origine etrangere..."

Il hocha legerement la tête, pour donner l'authorisation a Heinriche de retourner a sa place. Sonnes Einheit... Voila qui était interessant, l'organisation avait toujours esayer d'infiltrer leurs etablissement, mais s'était une tache ardue, et peu y était parvenue. Le resultat pouvais toutefois etre tres rentable, ces etablissements était une veritable mine d'information, et ce qui se passait a l'interieur aurait put faire chanter nombre de politicien. Mais les Sonnes Einheit, avait toujours payer une redevance pour que l'organisation laisse leur etablissement tranquil, et jusqu'a present les deux partie s'était assez bien contenter de ce deal.

* Il pourrait etre interessant, de recruter un nouvel informateur...*

Il fixait toujours le jeune homme.

De nouveau, Rafe avait l’impression d’être observé. Il pensa qu’il s’agissait toujours de la jeune femme qui se trouvait à la table voisine. Rafe leva de nouveau les yeux de son journal, mais ce fut pour rencontrer ceux d’un homme effrayant.
Un frisson glacé parcourut son échine et il replongea son regard dans les lignes de son quotidien. Cet homme, avec sa peau de couleur inégale et sa balafre, Rafe le connaissait. Enfin… Connaître était un bien grand mot. Il avait lu sa fiche lors de son « travail ». Ce qu’il en savait était strictement « professionnel », mais cela suffisait à lui donner des sueurs froides. Et à cela s’ajoutait un léger sentiment de culpabilité…

Rafe posa son journal et but une gorgée de whisky. Il se demandait vaguement s’il devait rester ici, sous l’œil terrible de cet homme ou s’il devait partir et oublier son envie de voir ses amis qui jouaient actuellement au billard.
Mais l’envie de s’amuser fut plus forte que sa peur et il décida de rester.

Le jeune homme jeta un coup d’œil dans la direction de la salle de billard. La partie semblait être loin de se terminer. Le regard de Rafe tomba de nouveau sur la jeune femme qui le fixait sans la moindre gène. Elle était plutôt jolie. C’était une petite brunette, avec des cheveux courts et bouclés, un visage un peu rond et des lèvres peintes en rouge vif. Elle était serrée dans un imperméable noir comme si elle n’avait pas l’intention de rester longtemps dans le bar. Elle fumait une cigarette tout en croisant et décroisant sans cesse ses jambes. Elle devait être du genre nerveux.

Rafe se perdit dans ses pensées et oublia qu’il fixait toujours la jeune femme et la présence d’Hans Von Schaeffer.

Hélène fut agréablement surprise de voir le jeune homme abandonner sa lecture pour la regarder à son tour. Elle profita pendant quelques minutes de se plaisir et comme le charmant garçon ne la lâchait toujours pas des yeux, elle prit cela pour une ouverture offerte généreusement à la jeune femme.
Hélène écrasa sa cigarette dans son cendrier et se leva gracieusement de sa chaise pour se diriger résolument vers la table du jeune homme. Elle prit une chaise et s’assit en face du garçon tout en prenant bien soin de ne pas cacher ses jambes sous la table.

*Hors de question de gâcher l’un de mes meilleurs atouts…* pensa-t-elle.

Elle fit un sourire lourd de sens à Rafe et croisa ses longues jambes de sorte que la fente de sa robe découvre habilement ses cuisses.

Peut-être Hélène était-elle un peu trop rapide, comme toujours. C’était souvent ce qui la perdait. Mais elle n’arrivait jamais à réfréner son enthousiasme. Surtout lorsqu’elle avait affaire à une créature du meilleur choix, tel que ce jeune homme, un peu austère, mais tellement charmant.

De près, le garçon était encore plus adorable. Hélène se sentit fondre en regardant les petites joues lisse du jeune homme et un léger scrupule naquit en elle le temps de se rendre compte du jeune âge de l’objet de sa convoitise.
Quelle importance, après tout.

« Bonsoir, mon bon monsieur… Auriez-vous l’obligeance d’offrir un verre à une pauvre demoiselle frigorifiée ? »

Hélène eut un frisson calculé mais convaincant. C’était vrai au fond, qu’elle n’avait pas chaud…

Rafe fut légèrement surpris par l'audace de la jeune femme, notamment parce que son regard n'était pas spécialement une invitation à venir à sa rencontre. Mais après tout, cela n'avait aucune importance. Il sourit à la jeune femme. Elle était encore plus jolie de plus près. La manœuvre de séduction de la jeune femme ne lui échappa et le fit sourire davantage.
Il aurait bien voulut entamer la conversation, pour voir ce qu’elle avait dans le ventre. Après tout, il était possible qu’elle soit assez intéressante pour être privilégiée… Si l’on pouvait considérer cela comme un privilège.

Un rire juvénile éclata dans la salle de billard et fit sursauter Rafe. Il était donc là, lui aussi. Il n’avait pas entendu sa voix jusqu’ici. Rafe pâli. Il essaya de se concentrer de nouveau sur la jeune femme, mais il eut du mal à entendre ses mots. Il ne valait sans doute pas mieux les lui faire répéter. À tout hasard, il appela un garçon et commanda à boire pour tout les deux.
Il fut rassuré en voyant l’air réjouit de la jeune femme.

« Vous avez un nom ? »

Comme d’habitude, la voix de Rafe était faible et timide, à peine audible.

Au prix d’un difficile effort, Rafe réussit à oublier plus ou moins le rire qu’il venait d’entendre pour plonger ses yeux dans ceux de la jeune femme. Il s’agissait maintenant de la faire parler. Le jeune homme aimait bien les gens qui avait de la conversation. Enfin… C’était plutôt qu’il avait besoin de gens qui avait de la conversation. C’était à la mode.

Hélène remarqua le temps d’absence du jeune homme. Elle remarqua aussi que c’était suite à ce rire qui avait retenti dans la salle de billard. Elle se retourna légèrement et croisa alors le regard d’un homme effrayant. Cette fois-ci, son frisson n’avait rien de calculé. Mais au contraire de son jeune compagnon, elle l’oublia bien vite pour se reconcentrer sur son affaire.
Hélène fut un peu jalouse de l’homme au rire juvénile qui jouait au billard. Il avait de la chance de pouvoir faire autant d’effet sur le jeune homme qu’Hélène convoitait. Mais si elle voulait l’avoir, il était inutile de se morfondre…

Alors que le garçon s’approchait de leur table pour prendre leur commande, Hélène écarquilla légèrement les yeux en entendant la voix du jeune homme. Elle ne s’était pas douté qu’il pouvait être timide à ce point.

« Une coupe de champagne. » dit-elle rapidement au garçon comme pour se débarrasser de lui et comme si sa commande était tout à fait habituelle.

En réalité, pour Hélène, c’était un moyen d’impressionner la personne qu’elle essayait de séduire et d’autre part, c’était aussi un test. Celui qui faisait la grimace, elle le plantait immédiatement…

Tout en observant attentivement la réaction du jeune homme, elle lui répondit, les yeux brillants :

« Appelez-moi Hélène. Puis-je vous retourner la question ? »

Sourire aimable de circonstance.

Rafe ne bougea pas d’un cil lorsque la jeune femme commanda une coupe de champagne. Comme si lui-même avait l’habitude d’offrir une coupe de champagne à n’importe quelle inconnue. Puis il répondit à la jeune femme, toujours de sa voix faible :

« Vous pouvez m’appeler Rafe. »

Soudain, la porte qui donnait sur la salle de billard claqua. Rafe se leva brusquement, porta une main fébrile dans la poche intérieure de sa veste et en sortit son portefeuille. Il posa quelques billets sur la table pour régler son whisky et tira le bras d’Hélène pour la forcer à se lever. Alors que les gentlemen qui jouaient au billard entraient dans la salle du café en riant, Rafe prenait le bras d’Hélène et leur tournait le dos pour se diriger vers la sortie.

« Venez ! Allons prendre une coupe de champagne ailleurs… » dit-il en croisant les doigts pour que la jeune femme ne fasse pas de difficulté et pour qu’on ne le reconnaisse pas.

Il n’avait pas envie d’avoir Emile sous les yeux tandis qu’il conversait avec cette charmante Hélène.

La jeune Hélène fut très surprise par l’émotion soudaine de Rafe. Mais elle se laissa entraîner volontiers avec un léger sourire aux lèvres. Cependant, elle avait bien compris que ce n’était pas elle qui lui faisait cet effet-là et elle sentait un petit pincement au cœur.
La jeune femme s’accrocha un peu plus fort au bras de Rafe, comme pour lui rappeler l’importance de sa présence. Elle lui lança également le regard de la femme comblée qui est heureuse que l’homme qu’elle aime la comprenne sans qu’ils aient dit un mot.

« J’irais où bon vous semblera, mon prince. »

Mais Emile, qui débarquait dans la salle du bar avec ses camarades de billard, ne voyait tout cela, pas tout à fait du même œil…

C’était un très grand et très jeune homme au cheveux blonds,brillants et ondulés, impeccablement coiffés. Il était très bien habillé et sentait à cent mètres à la ronde le fils à papa. Cependant, il dégageait quelque chose d’autre. Une lueur d’indépendance brillait dans ses yeux bleus…

Le jeune garçon aperçut Rafe et avec une exclamation joyeuse, il alla le rejoindre à grandes enjambées et abattit sa main sur son épaule pour le retourner d’une poigne de fer.

« Bonsoir, mon ami ! Comment vas-tu ? »

Emile semblait sincèrement heureux de voir Rafe, cependant, plus encore qu’heureux, il avait l’air amusé…

Le regard qu’Emile put voir en retournant Rafe était réellement effrayé. Mais le jeune homme tenta de se reprendre et se composa un sourire amical moyennement convaincant.
Il entrouvrit la bouche, mais ses paroles ne sortirent pas tout de suite… Il fallait qu’il choisisse ses mots…

« Bonsoir. Je vais bien, mais je te rappelle que je ne t’ai toujours pas autorisé à me tutoyer. »

Asseoir son autorité, il fallait asseoir son autorité…

Mais avec Emile, cela ne marchait pas, cela ne marchait jamais. En vérité, Rafe n’arrivait pas à en faire ce qu’il voulait, contrairement à tous les autres. Et ça, ça l’effrayait et cela le fascinait en même temps…
Quant à Emile, cela l’amusait. Cela l’amusait ! Cela n’avait pourtant rien de drôle ! Ce n’était pas parce que… Parce que… Qu’il avait le droit de tout se permettre. Mais il se permettait tout. Même de refuser et pire, d’imposer, d’ordonner ! Et Rafe, lui, se trouvait à chaque fois incapable de refuser. C’était ça, le plus effrayant.

Mais cette fois-ci, Emile n’aurait pas le temps d’ordonner. Non, Rafe allait partir avant qu’il ne demande quoique ce soit… Mais ce n’était pas une solution, il fallait qu’il apprenne à lui dire non.

« Excuse-moi, mais, j’ai des… affaires à régler… »

Il lui adressa un faux clin d’œil complice, raffermit son étreinte sur Hélène et tourna résolument le dos à Emile en s’éloignant.

Emile regarda Rafe lui tourner le dos avec un sourire en coin. Il réprima un violent désir de le rattraper pour lui faire bien comprendre qu’il n’obéissait qu’à lui-même et que s’il y avait bien un esclave dans cette relation, c’était bien Rafe. Il avait envie de lui montrer qu’il était incapable de lui résister, une nouvelle fois.

Mais était-ce vrai ? Parfois, Emile en doutait et cela le mettait mal à l’aise. Parfois, Rafe avait la tête ailleurs, il pensait à autre chose. De plus en plus souvent il essayait de lui faire comprendre qu’il avait, lui aussi, son indépendance. Emile avait peur, lui aussi, peur du jour ou rafe lui dirait non. Et Emile sentait ce jour proche…

Il ignorait ce qui avait bien pu détacher rafe de son autorité. Ce garçon était tellement discret et secret que lui-même n’avait jamais réussi à découvrir quoique ce soit…
Mais il y avait quelque chose… Et cela, il était sans doute le seul à s’en être rendu compte… Sans compter Mylène, bien entendu. D’ailleurs, il enviait la relation privilégiée que la prostituée avait avec Rafe. Elle savait tout de lui. Plus encore qu’Emile. Parce que Rafe lui disait tout, à elle. Pas à Emile. Il s’en méfiait et il avait sans doute raison…

Le jeune Emile se retourna en haussant les épaules, toujours souriant. Il sentit alors un regard posé sur lui. Il chercha ce regard et le trouva sur le visage étrange d’un homme sombre et effrayant. Emile ne frissona pas et regarda l’homme droit dans les yeux tout en sortant un cigare de la poche intérieur de son veston. Il lui adressa un sourire malicieux tout en fourrant son cigare dans sa bouche. Il éleva la voix en allumant le cigare :

« Oui monsieur ? Vous me voulez quelque chose ? »

Hans observait toujours la scene de sa table. Il était amusé par la piece qui se jouait devant lui. Parfois il avait l'impression de se comporter en un geant qui observerait la vie d'insecte minuscule, insignifiant... Tel était son sentiment, il s'était séparé depuis si longtemps de toute contraintes vaguement sentimentales, qu'il s'était forgé un réel sentiment de superiorité vis a vis des autres etres humains... Du moins s'était l'image qu'il souhaitait donner.

Puis, dans l'histoire qui se jouait sous ses yeux, un nouvel acteur entra en scene, grand, blond, et plutot sportif celui ci semblait avoir des liens ambigüe avec le jeune Rafe, au vue des réactions des deux hommes. Peut etre de l'amour, mais ce n'était interessant pour le vieux patriarcxhe que si cela pouvais lui donner un avantage significatif. Mais tout d'un coup, de facon irréaliste, le vieux gangster se retrouva acteur de la piece, le nouveau venue manifestement aviné osa l'interpeller.

La salle entiere retint son souffle. Le jeune homme ignorait il reelement a qui il s'adressait, pouvait on oublier un physique aussi atypique a la réputation des plus sombre. Deux billes gris acier soutinrent le regard du jeune importun avec une lueur froide, limite maléfique. Hans mis cette témérité sur le compte de l'alcool et probablement de la jeunesse et de l'inconscience, mais en vérité tout cela l'amusait beaucoup. C'est ainsi qu'un des hommes les plus influent de la ville, reposa lentement son verre, puis avec calme il répondit a la provocation du jeune.

"Vouloir quelque chose? Cela signifierait que vous ayez en votre possession quelque chose que je pourrait vouloir..."

Il carressa son le bord de son verre, puis fis jouer le bordeaux qu'il contenais. Puis continua toujours sur le même ton impersonnel.

"Auriez vous quelque chose qui pourrait eventuellement m'interesser... Monsieur?"

Emile ne s'en était pas encore vraiment rendu compte, mais la réponse qu'il pourrais fournir a se personnage singulier, pourrait l'entrainer dans un engrennage infernal, dont il n'avait pas idée.

Emile sourit de plus belle. Il s’avança et alla s’asseoir à la table de l’homme. D’un geste autoritaire, il appela un serveur qui se pencha immédiatement vers lui de cet air respectueux qu’il devait systématiquement avoir.

« Apportez-moi un verre de Bordeaux, comme monsieur ! » dit Emile avec autorité.

Puis il se tourna de nouveau vers son compagnon improvisé, toujours souriant. Il avait envie d’être bavard, de faire son intéressant, de faire des mystères et d’afficher ses privilèges, tout en ne les nommant pas…
Souvent, cela agaçait les gens. Et Emile aimait bien ça, agacer les gens…

Il attendit que le serveur lui apporte sa commande. Sans remercier ce dernier, il porta immédiatement le verre à ses lèvres et il fixa son interlocuteur d’un air malicieux.

« Cela se pourrait, en effet. lâcha-t-il enfin. Cela se pourrait, que je « possède » quelque chose qui puisse vous intéresser. Je ne vous connais pas, mais je connais assez les gens qui vivent dans cette haute sphère… »

Emile fit une surprenante grimace de dégoût avant de cracher :

« Le pouvoir ! Toujours le pouvoir ! Tous ces pourris qui veulent toujours plus de pouvoir et qui s’y accrochent ! »

Et, de façon tout aussi inattendu, son sourire revint et il se passa la main dans ses cheveux blonds.

« Comme moi… Et comme vous. Or, j’ai accès au pouvoir. Je peux le toucher, lui chuchoter à l’oreille, le dérober, le rejeter avant de le reprendre sans qu’il me reproche quoi que ce soit. J’en fais ce que je veux. »

Un éclair de plaisir vicieux passa dans ses yeux bleus. Puis son expression redevint normale.

« Oh ! J’ai oublié de me présenter : je m’appelle Emile Reichtum. Souvenez-vous en bien. Un jour, cela pourra peut-être vous servir. »

Il but nonchalament une nouvelle gorgé de vin rouge avant de continuer à regarder son interlocuteur, toujours souriant.

Le regard du nouveau menbre des Onzes, était froid, et son facies particulieraussi neutre qu'il pouvait l'etre. Le monologue de polechtrons que venais de lui déclamer le jeune aristocrate, ne faisait que confirmer la premiere impression qu'il avais eu. Ce garcon était totalement superficiel. Il se vantait de son pouvoir, et en fait dans les Schwefelsländer de son argent. Il n'avait pas compris que le pouvoir pour le pouvoir n'était que futilité: Le pouvoirs n'était qu'un moyen pour accomplir une vision, un projet... En effet les "pourris" qu'il avait cité, comme lui, était deseperant parcequ'il avait une vision et une utilisation du pouvoir a court terme et qui se limitait a rechercher une jouissance immediate.

L'argent ne pouvait pas tout acheter, comme la reaction du jeune Rafe l'avait montrer. Malheureusement pour lui Emile ne disposait pas d'un charisme suffisant: Contrairement a d'autre personne son pouvoir était quantifiable: Il dependait seulement de chiffre ecrit dans un compte en Banque. Le jeune homme était ininteressant au possible, et il buvait probablement pour tenter de l'oublier. Il en etait venu a proposer la seul chose qu'il detenait: quelque relations peut etre bien placé. Chose que Hans comptais bien exploité, le jeune homme ne l'avait il pas invité?

Cependant l'agitation du jeune homme, n'était pas du tout du gout de l'escorte de Hans, qui regardait d'un air mauvais l'importun qui avait osez prendre place a la table de leur chef. Certains avaient placer une main a l'interieur de leur veste, effleurant deja la crosse de leur pistolet. Hans les calma d'un geste de main appaisant. Il se demandait deja jusqu'ou il allait jouer avec le jeune homme, il ne le connaissait pas, donc il n'avait aucune importance a ses yeux et Heinrich ne l'avait pas renseigné sur cette olibrius. Lorsqu'il eu terminé un sourrire ironnique vint deformer ses trais.

"Je m'en souviendrais Herr Reichtum..."

Quand ce dernier eu terminer son verre, Hans fit signe de la main au serveur resté en retrait de remplir le verre de son "invité".

"Et que faites vous dans la vie qui vous donne tant de pouvoir?"

Il devisageait toujours le jeunes hommes aviné avec un air ironnique. Savait il qu'il était dans une partie ou l'enjeu n'était rien de moin que sa vie. Pas que le chef de l'austauch ait l'intention de le tuer sur place, ca ne se faisait pas au millieu de la haute société, et il en allais de sa crédibilité. Mais si cela l'amusait, il pouvait tres ruiner le jeune homme, ou alors se contenter de le faire bastonner plus tard par quelques uns de ces hommes. Hypothese qui aurait manifestement fait plaisir a de nombreuses personnes dans l'assistance

Emile regarda l’homme lui commander un verre d’un air amusé. Voulait-il le faire boire pour l’amadouer, ou se servir de lui ? Sans doute. Mais Emile était trop fin pour ne pas s’en rendre compte. Cependant, il accepta ce verre avec bonne humeur. Il tenait bien l’alcool. Et autant continuer à faire croire à ce respectable monsieur qu’il pouvait le manipuler. Mais le pouvoir en personne n’était pas capable de le manipuler, alors lui !

Pour la première fois, Emile daigna regarder les gros bras qui entouraient l’homme. Il leur fit un faux sourire aimable pour les provoquer.

Puis lorsque l’homme balafré déclara qu’il se souviendrait de son nom, il lui sourit de plus belle en lui répondant :

« Sage décision… »

Il prit son verre d’un geste brusque et but une gorgée avant de prendre ses aises sur sa chaise.

Emile prit son temps pour répondre à la question que lui posait l’homme. Une question intéressante, bien sûr. Et à laquelle Emile prendrait plaisir à répondre par énigmes, à demi-mot… Comme toujours.
Le jeune homme se pencha au-dessus de la table et parla à voix plus basse, sur le ton de la confidence.

« Je couche… »

Et le jeune homme se rejeta en arrière en éclatant de rire. Mais il reprit rapidement son « sérieux ».

« Mais je ne fais pas que ça. Je le maltraite… Le pouvoir, je veux dire. Je suis inconstant et insaisissable avec lui. Or, le pouvoir n’a pas l’habitude de ça. Et comme le pouvoir s’ennuie, il aime tout ce qui sort de l’ordinaire. Le pouvoir m‘aime. Il me tourne autour en me regardant comme une bête curieuse. Il se sent rejeté et attiré tout à la fois. Et il ne s’éloigne pas. Il n’y arrive pas. Il ne comprend pas et ça le fascine. Et c’est pourquoi j’ai le pouvoir à porté de main et que je peux en faire ce que je veux. »

Sa mine s’assombrit brutalement lorsqu’il ajouta :

« … Jusqu’à ces derniers temps. »

Il fronça les sourcils un moment, comme s’il réfléchissait profondément. Mais ses traits se détendirent et il sourit.

« Mais il n’est pas encore près à partir. Il faut qu’il trouve d’abord une autre bête curieuse, différente, et qu’il fasse une lente transition. Et moi, je vais faire en sorte qu’il ne puisse pas transiter. »

Peut-être qu’il parlait un peu trop… L’alcool ? Non. L’enthousiasme ? Évidemment…

Emile Reichtum etait un numero. Soit il était sacrément temeraire, soit il était bien malheureux. A ces dernieres declarations Hans penchait pour la seconde hypothese. Mais il en venait a comprendre pourquoi le jeune homme était en disgrace aupres du "pouvoir"... Rare était les gigolo qui ne finissait pas par lasser leur maitre et maitresse, enfin si tel n'était pas une invention du jeune effronté. Ce n'était pas un probleme pour Hans qui avait renoncer aux sentiments et au sex en même temps que son humanité.

Les bravades du jeune homme agacait de plus en plus l'escorte du chef l'austauch, Heinrich croisa son regard quelque seconde, il semblait dire qu' Emile n'avait pas beaucoup d'importance. Mais une des raisons de la reussite de Hans avaitt été de se porter a l'ecoute de denicher des informations qui paraissait anodine et les exploité de facon profitable. Néanmoin ce coup ci il n'envoya aucun signe pour calmer ses hommes. Il voulait voir jusqu'ou l'homme pouvait allez.

Il sourrit donc a l'évocation de l'activité du jeune homme. Il ne fit guere attention a sa remarque precedente. Il repris donc sur une voix normale:

"Vous couchez donc... C'est une activité des plus delicate, a double tranchant, extrement profitable quand on sait jouer avec les sentiments, mais egalement extremement precaire et dangereuse..."

Il comprenais mieu, pourquoi celui ci ce souciait si peu de se retrouver sur le fil du rasoir, en feignant ignorer discuter avec un des principaux chef mafieux de la ville, autant dire avec le vrai gouvernement. Il avait bien vu l'ombre qui avait parcouru le visage du jeune homme a propos de sa mauvaise fortune avec le "pouvoir". Hans tapotait la table revelant une main noire ganté.

"Si ce n'est pas impoli, peut on savoir qui est le pouvoir qui vous fait defaut ses dernier temps."

L'homme n'était pas aussi imbibé qu'il semblait l'etre au premier abord, il voyait bien qu'il cherchait quelque chose, cette discution était loin d'etre aussi innocente qu'elle en avait l'air: Le jeune homme se cherchait il un nouveau protecteur? Pour Hans il y avait la chance d'obtenir une information croustillante, mais il ne pensait pas l'obtenir aussi facilement. Au mieu il pourrait eventuellement reussir a faire sortir le jeune homme de ses gonds. De toute facon il pourrait toujours s'en debarasser, une fois que la mascarade ne l'amuserait plus

Cette fois Emile ne s’intéressait plus du tout aux gros bras du balafré. Il était trop intéressé par son propre discours. Cela l’amusait tellement de parler ainsi. Il n’était pas sûr d’étonner et d’intriguer son interlocuteur, non, loin de là… Mais alors c’était lui qui n’était pas assez méfiant, trop sûr de lui, contrairement aux apparences…
Cela fit rire le jeune homme intérieurement. Ce type avait une tête et l’entourage à faire partie de l’Austausch. Grand bien lui fasse ! Il était lui aussi dans les bonnes grâces du pouvoir… Tant qu’il faisait bien son travail. Il suffisait de déplaire profondément au pouvoir pour chuter… Personne n’était à l’abri de son courroux.

« Mais vous savez, tous les moyens d’accéder au pouvoir sont précaires. Coucher en est un, je vous l’accorde. Mais prenez le meurtre, par exemple, c’en est un autre. Il suffit de tuer la mauvaise personne pour tomber en disgrâce et pire, pour risquer sa peau ! Moi je risque moins ma peau en couchant… Et puis j’ai mes avantages, vous, vous avez les vôtres, (il eut une sourire ironique) chacun fait comme il peut. »

Il était malin ce type. Il ne parlait pas beaucoup, mais à chaque fois qu’il parlait, c’était pour poser des questions. Il pouvait toujours poser des questions ! Il n’obtiendrait aucune réponse concrète, de toute façon.

A la dernière question, Emile faillit s’étouffer de rire dans son verre de rouge.

« Vous croyez sincèrement que je vais vous le dire ? »

Mais l’homme avait enfin deviné que depuis le début, Emile parlait de quelqu’un en particulier et dont il remplaçait systématiquement le nom dans ses phrases par le mot « pouvoir ». Et Emile avait presque envie de le récompenser pour ça.

« Et bien, voilà ce que je vais vous dire, monsieur, et je vous demanderais, ou plutôt, je vous conseillerais, en ami, de ne pas le prendre à la légère. Je fais partie de ces gens-là. Ceux que l’on ne doit pas tuer. Car les problèmes ne viendront pas d’en bas, car ceux-là, on peut les écraser en les piétinant, mais ils viendront d’en haut et ce sont eux qui vous piétinent… »

À ce moment, une femme qui ressemblait presque à s’y méprendre à Emile s’approcha de leur table. Elle faisait partie des joueurs de billard. Elle posa sa main sur l’épaule du jeune homme et parla d’une voix grave.

« Tu parles trop, Emile. Tais-toi. »

Emile la regarda avec son premier sourire réellement aimable de la soirée et hocha la tête. Cette personne était sans doute la seule qui pouvait encore lui donner des ordres en étant sûre qu’ils seront suivis.
Emile reposa son regard sur le balafré et avant de se lever, dit :

« Je ne peux pas vous en dire plus. Après, à vous de deviner la suite… »

Il fouilla dans sa poche et posa sur la table quelques billets pour payer ses consommations, en parfait gentleman. Il fit un dernier salut de la main et prit le bras de la jeune femme aux longues boucles blondes relevées sur sa tête pour s’éloigner avec elle.

Hans salua la jeune femmed'un signe de la tête et le laissa s'éloigner avec bienveillance, si sa compagne n'était pas intervenue, il avais la conviction que le jeune homme allait perdre son sang froid, dans les derniere minutes ils n'avaient fait que de tenter de le dissuader de le tuer, il avait même fini par lui faire une mise en garde sans finesse. Le gros bonnet de l'Austauch vint a se demander si l'intervention du jeune homme n'était pas une mise en scene depuis le debut. Ils existait peu de personne capable de le menacer directement, et si tout ce passait selon le plan il y en aurais encore moin d'ici peu de temps. Cette pensé le fit sourrire:

*Je suis le seul qui decide qui vit et qui meurt ici, a part Dieu peut etre...*

Il n'était pas tres porté sur la bigoterie, mais placé dieu en limite lui permettait de garder les pieds sur terre a sa facon. Se rappeler que rien n'était jamais acquis. Se sentir trop superieur etait un peché, cependant la paranoïa était une vertu dans le milieu. Il fit appeler Heinrich,a nouveau celui ci vint s'installerpresdeson chef. Hans sorti un cigare de sa poche, que Heinrich alluma avec un briquet. Ce dernier pris la parole:

"Vous voulez que je m'en occupe?"

Hans marqua un temps d'arret et expira une bouffé de fumé puis secoua la tête:

"Ce n'est pas la peine.Monsieur Reichtum est seulement un homme qui s'ennuie."

Il tira une autre bouffé sur son cigare, il pris le temps de l'apprecier avant d'expirer sous le regard interrogateur de Heinrich. Celui ci craignait que les hommes prennent ca pour un acte de faiblesse. Puis Hans reprisla parole:

"Tu te renseignera egalement sur lui et la fille. Inutile d'etre trop discret, ils s'attendent probablement a cette manoeuvre."

Il regretta la seconde partie de sa phrase, c'était donner beaucoup d'importance a se jeune importun.